Cameroun : Retour sur l’atelier du 23 juillet

Actu du 08/09/2025

L’ONG Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD) a organisé un atelier préparatoire de Désertif’actions le 23 juillet à Maroua. La rencontre qui a attiré près d’une trentaine de participants a permis de faire le point sur les effets de la sécheresse sur les systèmes de production au Cameroun.

En mettant le focus sur les systèmes de production agricole et d’élevage sédentaires, les participants ont identifié les impacts de la sécheresse, ainsi que les freins et leviers d’action pour faire face à la sécheresse.

S’inscrivant dans une démarche de plaidoyer, l’atelier préparatoire de Désertif’actions au Cameroun a permis un dialogue entre la société civile et plusieurs responsables du ministère de l’Environnement de la protection de la nature et du développement durable, du ministère de l’agriculture et du développement rural, du ministère de l’eau et de l’énergie.

Les effets de la sécheresse sur les systèmes de production

Les travaux de groupes ont démontré l’impact majeur de la sècheresse sur la sécurité alimentaire des populations camerounaises, surtout celles des régions du Nord et de l’Extrême-nord, zones les plus touchées par le processus de désertification et de sécheresse. Depuis 2000, au moins 10 % de la superficie du Cameroun est touché par la sécheresse. La sécheresse a entraîné des conflits entre agriculteurs et éleveurs au sujet de l’accès aux ressources naturelles. En 2021, plus de 100 000 personnes ont été déplacées suite aux conflits liés à la sécheresse au septentrion camerounais.

Les freins et leviers à la mise en place de solutions

L’attachement aux pratiques ancestrales, la peur du changement, les problèmes d’accès au foncier, l’insuffisance de personnels techniques qualifiés et la manque d’équipement adaptés dans la mise en œuvre et le suivi des actions sont des obstacles, identifié par les participants, pour répondre à la sécheresse.

Plusieurs leviers d’actions existent pour surpasser les difficultés de mise en place comme la sensibilisation et la vulgarisation des bonnes pratiques et des techniques locales, l’aménagement du territoire et la gestion foncière (délimitation des zones sensibles, mise en place de zones tampons), le renforcement des capacités des personnels des ministères clés concernés par les questions liées à la sécheresse, l’adaptation de l’agriculture et de l’élevage.

Des mécanismes nationaux pour faire face à la sécheresse

L’atelier a permis de mettre en évidence plusieurs actions et initiatives menés sur le plan national pour lutter contre les effets de la sécheresse et de la désertification. Par exemple, la stratégie Nationale de Développement 2020-2030 vise un objectif de 100 % d’accès à l’eau dans les zones urbaines, de 85 % dans les zones rurales du Cameroun d’ici à 2030. L’opération Sahel Vert lutte contre la désertification dans la Région de l’Extrême-Nord du pays en restaurant les terres dégradées dans les zones affectées par la désertification en luttant efficacement contre la dégradation des terres et en augmentant la fertilité des sols. La structuration du secteur de l’élevage est mise en œuvre pour une meilleure gestion du foncier pastoral dans la partie septentrionale du pays.

Ces différents mécanismes répondent à la problématique de la sécheresse dans plusieurs domaines et secteurs pour une optimisation de la gestion de l’eau, une agriculture plus résiliente, le développement de l’élevage, la protection des écosystèmes et pour la mise en place de pratique agroécologique.

Des messages pour se faire entendre

La fin de l’atelier a offert aux participants la possibilité d’établir un certain nombre de recommandations et de messages à l’attention du gouvernement, des parlementaires, des bailleurs de fonds et des ONG internationales.

  • Les impacts de la sécheresse sont déjà visibles au Cameroun à travers la raréfaction de l’eau potable, la hausse des cas de malnutrition, en particulier chez les enfants, les tensions communautaires, nés de la compétition pour les ressources entre agriculteurs et éleveurs.
  • Il est urgent de renforcer les systèmes de gouvernance et d’assurer à tous, l’accès équitable aux ressources hydriques et foncières. 
  • Au Cameroun les communautés rurales sont les plus touchées par la sécheresse. Les récoltes ont chuté de près de 40 % ces dernières années, mettant en péril la sécurité alimentaire de milliers de familles. De nombreux agriculteurs, impuissants face à la situation, abandonnent leurs terres pour migrer vers des zones urbaines à la recherche de meilleures opportunités.
  • Ces communautés rurales ont besoin de notre soutien pour restaurer leurs terres et s’adapter au changement climatique.

Retrouvez l’intégralité des recommandations dans le compte rendu complet de l’atelier.

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